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Dossier —– ENSEMBLE 2016/10
Für mich ist es eine Erleichterung, wenn das
finanzielle Risiko bei einer Institution liegt. Gera-
de Kirchgemeinden können von Pilgerbegleiterin-
nen und Pilgerbegleitern profitieren, da Menschen
beim Pilgern in ihrer Persönlichkeit wachsen und
manchmal auch einen neuen Bezug zu Religion
und Glauben entdecken. Ich mache die Erfahrung,
dass die unterwegs erlebte Gemeinschaft in den
Teilnehmenden das Bewusstsein für den Wert von
Gemeinschaft stärkt. Kirchgemeinden können da-
von im Hinblick auf den Gemeindebau profitieren.
Verdienen kann man mit der Pilgerbegleitung
nicht viel. Was motiviert Sie, solche Reisen Jahr
für Jahr wieder anzubieten?
Ich begleite gerne Menschen, freue mich mit
ihnen, wenn sie Schönes entdecken, und trage mit,
wenn sie durch schwierige Zeiten gehen müssen.
Ich werde aber auch oft von den Menschen in den
Gruppen beschenkt, weil sie zum Beispiel etwas
entdecken, was ich noch nicht wahrgenommen
habe. Ich erlebe das Miteinander-Unterwegssein
als Kraftquelle. Vor einigen Tagen musste ich end-
gültig Abschied nehmen von meinem Vater. Ich
bin beeindruckt, wie viel gute Worte und Beistand
ich von ehemaligen Mitpilgernden erfahren habe.
Marianne Lauener, de Frutigen, est
accompagnatrice professionnelle de
pèlerins. Elle apprécie dans ce travail la ren-
contre avec les gens et le partage d’une vie de
communautaire avec eux. En faisant un pèleri-
nage, explique-t-elle, on peut réfléchir à des
questions existentielles et trouver la force pour
affronter des changements à venir.
Par Thomas Schweizer*
Le pèlerinage occupe une grande place dans votre
vie. Qu’est-ce qui vous attire particulièrement
là-dedans?
Je trouve passionnant de rencontrer et de
mieux connaître les gens, que ce soit des per-
sonnes vivant sur le chemin ou celles que j’accom-
pagne pendant plusieurs jours. Le pèlerinage
m’intéresse, car il est à l’image du chemin de vie:
nous sommes en route dans cette «zone inconnue»
entre la naissance et la mort et nous avons la pos-
sibilité de faire nos preuves dans la vie. Le fait de
marcher illustre des aspects essentiels du voyage
qu’est la vie et en reprend les étapes: se mettre en
route et arriver, accueillir et lâcher prise, faire un
effort et se reposer, créer des relations et prendre
congé, aider à porter un fardeau et ne pas se lais-
ser déstabiliser par les difficultés.
Lorsque vous étiez enfant, presque personne ne
parlait de pèlerinage. De nos jours, il fait partie
intégrante d’un tourisme proche de la nature. Com-
ment l’expliquez-vous?
Faire un pèlerinage correspond à un besoin de
notre époque. Lorsque le travail est de plus en plus
axé sur la productivité, que les rendez-vous s’en-
chaînent les uns après les autres et que même les
temps libres sont programmés, cela peut donner
envie de marquer un temps d’arrêt. Et ce, d’autant
plus lorsque des changements importants sur-
viennent dans notre vie. Souvent, le départ pour
un pèlerinage cache une recherche de sens.
L’étude bernoise 2008 sur le Chemin de Saint-Jacques a démontré que moins d’un quart des
pèlerins sont vraiment attachés à une Eglise.
N’est-ce pas un paradoxe que tant de personnes
s’engagent dans un pèlerinage sans avoir un réel
ancrage religieux?
Au Moyen Age, la motivation principale d’un
pèlerinage était de gagner son Salut. Aujourd’hui,
cette thématique n’intéresse plus qu’une minori-
té. La plupart recherchent ce salut ici et mainte-
nant. Souvent, ce sont des questions relationnelles
ou existentielles qui donnent le déclic d’un départ
en pèlerinage, ou alors une période de change-
ment de vie. Lorsqu’on est bloqué quelque part, le
pèlerinage est intéressant, car il permet de se
remettre en mouvement, d’avancer un peu chaque
jour et d’avoir suffisamment de temps pour appri-
voiser un nouveau sens pour notre vie. Un adage
circule parmi les pèlerins: «Certains partent pour
chercher Dieu. Ils se découvrent eux-mêmes.
D’autres partent pour se découvrir. Et il n’est pas
rare qu’ils trouvent la trace de Dieu.»
Qu’est-ce qui est, pour vous en tant qu’accom
pagnatrice, au cœur d’un pèlerinage accompagné?
La nature et la beauté des paysages le long des
chemins suisses m’inspirent beaucoup. Souvent,
on peut faire des liens entre les éléments de
la nature et notre vie quotidienne. Par exemple
devant un bosquet d’arbres impressionnants, nous
nous demandons: Où sont mes racines? Et devant
une source: où est-ce que je puise la force de vivre?
Même un pont peut faire l’objet d’un arrêt: quels
passages suis-je en train de vivre? Qu’est-ce qui
m’attend de l’autre côté? J’accorde beaucoup d’im-
portance aussi aux rencontres avec les gens qui
habitent le long du chemin: être accompagnatrice
me permet d’entrer en contact avec des personnes
intéressantes du lieu.
Qui devrait choisir se joindre à un groupe accom-
pagné? Et qui profitera davantage de partir seul?
Si l’on veut se trouver soi-même et mieux se
connaître, si on poursuit un objectif sportif ou que
F
* Responsable Tourisme, Eglises, lieux d'accueil et Pèlerinage