17
ENSEMBLE 2016/10 —– Fokus
Il y a 40 ans, des paroisses et des personnes
privées ont investi dans des coopératives
de développement en Amérique du Sud afin
qu’elles puissent faire des emprunts équitables.
Entre-temps, le crédit écologique s’est dévelop-
pé en un réseau mondial. Kawien Ziedses des
Plantes de la centrale de Amersfoort au Pays-Bas
rend compte des répercussions de cet engage-
ment.
Par Karl Johannes Rechsteiner
Que cela soit par le biais de microcrédits, de prêts
à des coopératives, du soutien à l’artisanat ou à
des petits marchands, de la production de café ou
de vêtements équitables – le crédit écologique
soutient aujourd’hui régulièrement plus de 800
partenaires dans 70 pays. Pour illustrer la chose
Kawien Ziedses des Plantes allume une lampe de
poche de la taille d’une main. C’est par ce biais
que la manager en communication de la centrale
du crédit écologique symbolise les effets de ses
projets. La lumière LED qui sort de ce petit appareil
est alimentée par une batterie reliée à un panneau
solaire de 6
×
4 centimètres et à une autonomie de
10 heures. Ce dispositif mini-photovoltaïque peut
remplacer des lampes hors de prix dans des ré-
gions ou le pétrole est cher et où son utilisation
peut être dangereuse pour la santé. Ces lampes
solaires, qui coûtent moins d’un franc à produire,
sont fabriquées en Inde. Un projet soutenu par le
crédit écologique avec un prêt de 40 millions de
roupies (environ 600 000 francs). Kawien Ziedses
des Plantes se réjouit: «Face aux changement cli-
matique, nous favorisons les énergies renouve-
lables par le biais d’instituts de micro-finance et
d’entreprises équitables.»
Fonds de l’Eglise réformée
Lorsque le travail des coopératives œcuméniques
de développement a commencé, on se moquait
souvent de leur démarche. Pourtant, à Berne, de
nombreuses personnes en lien avec les Eglises ont
cru au potentiel et ont investi avec confiance. Elles
ont créé le groupe de soutien de Suisse allemande,
présidé par le pasteur Peter Bärtschi. Ce collectif
est également soutenu par l’ancien secrétaire gé-
néral de Pain pour le prochain Hans Ott. L’Eglise
réformée bernoise a toujours investi des sommes
substantielles. Elle compte aujourd’hui une par-
ticipation de 1 131 815 francs au bilan. De plus une
quarantaine de partenaires de la région de Berne,
principalement des paroisses réformées, inves-
tissent également régulièrement de l’argent dans
le crédit écologique.
Depuis, plusieurs crises financières ont marqué
l’économie, la bourse s’est effondrée et les institu-
tions financières, qui se moquaient auparavant du
crédit écologique, ont quémandé l’aide de l’Etat.
Les placements dans le crédit écologique sont au
contraire restés stables et ont continué à rapporter
chaque année leur petit dividende. De fil en ai-
guille, une infrastructure professionnelle s’est
mise en place au sein des groupes de soutien en
Europe et en Amérique du Sud. Aujourd’hui, plus
de 50 000 personnes et paroisses à travers le
monde ont investi plus d’un milliard d’euro. La
Suisse allemande compte à elle seule environ 40
millions d’investissement – 13 millions supplémen-
taires sont à compter pour la Suisse romande.
Changer les conditions de vie
Cet argent n’arrête pas de circuler, explique
Kawien Ziedses des Plantes. Les prêts sont rem-
boursés pour permettre ensuite de servir à de
nouveaux crédits. Au-delà des chiffres, les effets
sociaux sont des plus importants: «L’éco-crédit
change la vie des gens», explique la hollandaise.
Rien qu’avec le co-financement d’institutions de
petits crédits, plus de 37 millions d’hommes et de
femmes bénéficient du soutien d’un crédit écolo-
gique et ne doivent plus payer d’intérêts exorbi-
tants. 86 pourcent des bénéficiaires sont des
femmes, la moitié vit en campagne. En outre, plus
de 100 000 emplois dans le domaine du commerce
équitable ont été créés par les entreprises soute-
nues par un tel crédit. Souvent, les bénéficiaires
n’auraient pas pu contracter un prêt ailleurs.
L’éco-crédit est pour eux une lumière dans l’obs-
curité. Et Ziedses des Plantes allume à nouveau
sa petite lampe indienne.
La spécialiste
de l’éco-crédit
Kawien Ziedses
des Plantes avec
une lampe solaire
indienne.
Oikocredit-Fachfrau
Kawien Ziedses
des Plantes mit
einer indischen
Solarlampe.
© Martin Werner
F