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Dossier —– ENSEMBLE 2016/13
1528, en l’église de l’ancien couvent des cordeliers
autour des «Dix thèses de Berne». Quelque 450 per-
sonnes ont assisté à la dispute: l’ensemble du corps
ecclésiastique et des conseillers de la ville de Berne
ainsi que des délégations d’autres ordres, parmi
lesquelles une de Zurich avec Zwingli. Le 7 février
1528, le gouvernement – l’avoyer, le Petit et le Grand
Conseil – décrétait la Réforme.
Libérer du joug de la peur
Du point de vue de l’histoire de l’Eglise, la Réforme
bernoise a joué un rôle capital: Berne, qui était
alors une cité-Etat puissante, a affermi la Réforme
dans la Confédération. Avec la conquête du Pays
de Vaud, le mouvement s’est propagé en terres
vaudoises et jusqu’à Genève. C’est là qu’est née
l’Eglise réformée d’obédience calviniste qui a
atteint l’Ecosse et les Pays-Bas. Cette Eglise est
devenue le port d’attache des huguenots français
et a essaimé un peu partout dans le monde, en
Inde, en Corée, aux Etats-Unis, au Canada.
L’histoire nous livre une explication quant à
l’origine des festivités du Jubilé. Cependant, elle
ne répond pas à la question du contenu. En 2017,
un regard dans le passé ne suffira pas, il faudra
faire mémoire des découvertes fondamentales de
la Réforme et discuter de leur signification pour
notre temps. C’est crucial.
A l’origine, la Réforme a fait souffler un grand
vent libérateur, ôtant aux hommes d’alors leur
peur de la foi et de l’Eglise. Les réformateurs ont
essentiellement prêché un message de libération:
l’être humain est la créature d’un Dieu bon et plein
de grâce envers sa créature. Un Dieu qui n’a de
cesse de libérer l’être humain de ses multiples
complicités pour le ramener à une vie en commu-
nion avec Lui et avec les autres. Ce don de Dieu
ne requiert ni entremise institutionnelle ni action
humaine préalable d’aucune sorte.
Ouvrir la voie à la démocratie
La portée de ces affirmations a dépassé leur
époque: la nouvelle foi a notamment permis l’ac-
cession de l’individu à sa majorité religieuse (sa-
cerdoce universel). En matière de foi, aucune ins-
titution humaine ne peut retirer à personne sa
responsabilité ni la restreindre. La foi individuelle
est ainsi soustraite à l’intervention de l’Eglise et
de la politique. En introduisant cette idée, la
Réforme a contribué au développement du droit
à la liberté de religion et de conscience.
Pour les réformateurs, la majorité religieuse
était synonyme de connaissances bibliques: forma-
tion pour tous et traduction de la Bible en langue
vernaculaire ont ainsi été au cœur de leur action.
L’égalité devant Dieu, le sacerdoce universel et la
direction communautaire de l’Eglise ont participé
du développement de la démocratie moderne.
La Réforme a largement contribué au dévelop-
pement de certaines des valeurs de base de la
société actuelle. Le Jubilé est une occasion de
Brochure sur la Réforme
Les retombées de la Réforme brièvement évo-
quées dans cet article feront l’objet d’une bro-
chure, éditée par les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure et rédigée par le chef du secteur
Théologie, Matthias Zeindler. Intitulée «500
Jahre Reformation: «Worum es geht – was wir
feiern», la brochure sera disponible en allemand
à partir de novembre 2016.
Commandes par courriel:
communication@refbejuso.ch©Emanuel Ammon /Aura