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ENSEMBLE 2017/16 —– Dossier

Qu’est-ce que vous trouvez bien dans l’Eglise?

Patrik Baumann: Ce que je trouve bien dans

l’Eglise nationale, c’est qu’elle est partout, même

dans les petits villages les plus reculés. J’ai parti-

cipé une fois à un culte à Guggisberg et je pensais

alors que là, j’étais au bout du canton. Mais

du village de Guggisberg on peut rouler encore

30 minutes en voiture pour arriver à Sangern­

boden, où il y a encore une église.

Selon vous, qu’est-ce que l’Eglise nationale pourrait

améliorer?

Sarah Gygax: Je trouve important que l’on

implique les jeunes, que l’on ne travaille pas

seulement pour les jeunes mais aussi avec les

jeunes.

Comme cela s’est en fait passé avec vous…

Sarah Gygax: Oui, exactement! Et je trouve tout

de même que cela reste à construire. Car nous, les

jeunes, et même les plus jeunes, sommes le futur

de l’Eglise. Si l’on n’arrive pas à faire suivre ces

derniers et à les convaincre, alors ce sera difficile.

Nous avons parfois de la peine à attirer les plus

jeunes dans une équipe.

Pourquoi?

Sarah Gygax: Une chose est sûre, c’est que les

Eglises libres disposent d’une très grande offre,

dans laquelle beaucoup de jeunes ont grandi. Mais

cela dépend aussi de comment l’Eglise dispense

ses enseignements. C’est à ce moment-là qu’il faut

ne pas perdre le contact avec les jeunes. Parfois

on est bien trop loin des adolescents et des jeunes

parce que ceux-ci ne peuvent pas ou n’ont pas

envie de s’investir.

D’autres ont-ils également de l’expérience avec les

Eglises libres?

Roman Schmid: J’ai aussi une certaine expé-

rience avec les Eglises libres. Il y a quelque chose

que je trouve beaucoup mieux là que dans l’Eglise

nationale. Dans l’Eglise libre, j’ai souvent vu des

pasteurs qui avaient le sentiment qu’ils avaient

déjà compris le monde et qu’ils pouvaient nous

expliquer comment tout fonctionne. Ce genre de

chose me rend terriblement critique. Dans l’Eglise

nationale, c’est plutôt l’esprit qui a de l’impor-

tance, l’esprit de la recherche de l’être. Cela me

plaît parce que je suis persuadé que l’homme ne

saura jamais absolument tout.

Selon vous, pour quels thèmes l’Eglise devrait-elle

s’engager?

Patrik Baumann: La foi et les questions re­

latives à la foi sont tout à fait centrales pour moi.

L’Eglise devrait s’engager pour les faibles, pour

ceux qui sont à la marge. Elle doit cependant aus-

si être là pour les forts et rendre ceux-ci attentifs

aux problèmes qui existent.

Comment les autres voient-ils cela?

Daria Lehmann: Je trouve important de

défendre certaines valeurs fondamentales. Cela a

pour moi parfois presque plus affaire à l’éthique

qu’à la religion. Je trouve que la communauté

est aussi quelque chose de très beau. J’ai person-

nellement pas mal de peine avec des concepts

comme «Jésus» ou «Dieu». Pour moi, la confirma-

tion devrait être plus centrée sur des questions de

contenu que sur des noms.

Estelle Plüss: Pour moi, la foi et la religion sont

des choses très différentes. Chaque homme est

libre de croire ce qu’il veut et avec l’intensité qu’il

veut. La religion par contre, c’est quelque chose

qui a plus à voir avec des règles. La religion

construit aussi des groupes: ici l’islam, là la chré-

tienté, etc. Pour moi, il est clair qu’une religion

déterminée ne peut pas défendre les valeurs des

autres religions. Face aux jeunes, je trouve que

nous devrions être plus ouverts et compréhensifs

par rapport aux autres valeurs et opinions.

Vous souhaiteriez donc une Eglise plus ouverte et

tolérante?

Estelle Plüss: Oui, exactement!

Qu’en dites-vous, Patrik Baumann?

Patrik Baumann: Selon moi, avoir des valeurs

sans une véritable foi n’a pas d’avenir. Il faut une

croyance et un but communs! Si je crois en Jésus,

cela ne veut pas dire que je considère les autres

croyances comme fausses. Cela ne signifie pas non

plus que je sois intolérant ou que je croie toujours

avoir raison. Mais je défends effectivement un

certain accès à la vérité, sinon je ne me serais pas

engagé pour cette croyance précise.

©Mauro Mellone

Roman Schmid