ENSEMBLE Nr. 3 - November 2015 - page 10

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Dossier —– ENSEMBLE 2015/3
situation tendue dans les principaux pays de pre-
mier accueil et de transit, selon le SEM. En effet,
90 pourcent de tous les réfugiés restent dans leur
région d’origine. «Beaucoup de Syriens qui ont dû
quitter leur pays à cause du conflit souhaitent
attendre la fin de la crise en restant dans la
région», souligne Léa Wertheimer. «Mais la fin du
conflit n’est pas pour demain.»
De plus, les pays voisins de la Syrie sont com-
plètement débordés. Plusieurs millions de réfugiés
se trouvent actuellement en Turquie, en Jordanie,
au Pakistan, au Liban et en Iran. Pour ceux qui
poursuivent l’exode vers l’Europe, la Suisse n’est
pas un pays de prédilection, ajoute Mme Werthei-
mer. «Les réfugiés ont plutôt tendance à se diriger
vers les pays où se trouvent déjà des proches ou
des compatriotes. Les citoyens syriens se rendent
donc surtout en Allemagne, au Danemark, en
Suède ou aux Pays-Bas.» Selon l’OCDE, l’Allemagne
vient en tête. L’Office allemand pour la migration
et les réfugiés attend ainsi 800 000 demandes
d’asile pour l’année 2015.
Pas de crise globale
Ces chiffres démontrent clairement qu’en com-
paraison internationale, peu de personnes
arrivent effectivement en Suisse, ou même en
Europe. Depuis le début de la guerre en Syrie, la
proportion de demandes d’asile de Syriens en
Suisse représente moins de deux pourcent de l’en-
semble des demandes faites en Europe. «Il faut
avoir des moyens financiers pour venir en Europe,
et il faut être suffisamment résistant pour avoir
une chance d’accomplir ce périlleux voyage»,
explique Anja Klug. On ne peut donc pas parler
d’une crise globale des réfugiés, estime la repré-
sentante du HCR. «Le nombre augmente, mais il
reste gérable. Si les pays européens se sentent
dépassés en ce moment, c’est plutôt parce qu’ils
n’ont pas de stratégie commune.»
En Suisse, les arrivants peuvent déposer une
demande d’asile au poste frontière. Elle peut se
faire oralement ou par écrit et n’est soumise à au-
cune règle formelle. Toute déclaration d’une per-
sonne étrangère signalant qu’elle sollicite la pro-
tection de la Suisse face à des persécutions est
considérée comme une demande d’asile. La per-
sonne qui dépose une demande doit décliner son
identité, nommer les motifs de l’asile et si possible,
les confirmer par écrit. Mais beaucoup entrent
illégalement, selon le SEM, par peur d’être refoulés
directement à la frontière. «Ceux qui entrent illé-
galement sont en général assez bien informés sur
les procédures d’asile et connaissent l’adresse d’un
des centres d’enregistrement et de procédure
(CEP)», explique Léa Wertheimer. Ils y font souvent
directement leur demande. De tels centres se
trouvent à Bâle, Chiasso, Vallorbe, Altstätten et
Kreuzlingen.
Conformément à la dernière révision de la loi
sur l’asile, entrée en vigueur fin septembre 2012,
un nouveau centre pilote de procédures a ouvert
ses portes à Zurich début 2014. Son objectif est
d’accélérer les procédures d’asile, tout en garan-
Flüchtlinge
aus Afrika und
Syrien kommen
in Sizilien an.
Réfugiés en prove-
nance d’Afrique et
de Syrie arrivant
en Sicile. 

©UNHCR /Fabio Bucciarelli
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