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ENSEMBLE 2015/3 —– Dossier
Le Conseil synodal se penchera sur la «Charte
de la migration» au dernier trimestre de cette an-
née. Il ne donne pas encore de prise de position
détaillée sur le sujet.
La charte demande également une culture vivante
et perceptible de l’accueil. A quoi pourrait-elle
concrètement ressembler?
Nous allons ouvertement à la rencontre des
personnes qui arrivent chez nous, parfois de très
loin, et qui fuient la guerre et l’oppression. Nous
les aidons à trouver leur place, à comprendre nos
règles et notre société afin qu’ils puissent s’inté-
grer. L’expérience montre qu’avec des rencontres
personnelles, les peurs de la population peuvent
être déconstruites, ce qui facilite grandement l’in-
tégration des requérants d’asile. Les paroisses ont
acquis une grande expérience au travers de projets
très concrets. Plusieurs d’entre elles se sont
confrontées au domaine de l’asile et s’engagent
de manière admirable en faveur de ces personnes.
Il est beaucoup question de droits. Les migrantes et
les migrants ont-ils aussi des devoirs?
Bien sûr. Le droit à la sécurité de l’existence
doit aussi être lié à des devoirs. Chacun doit y
contribuer, autant que faire se peut, et participer
personnellement à une société solidaire, pas seu-
lement vouloir en profiter.
Quels effets peut avoir cette charte?
Dans le communiqué de presse, le groupe dit
que les théologiennes et les théologiens s’engagent
pour les droits fondamentaux de toutes les per-
sonnes en Suisse. Des représentants des Eglises ca-
tholique et réformée actifs dans le domaine de la
migration plaident pour que l’Europe – la Suisse
comprise – ouvre ses frontières plutôt qu’elle ne
construise des murs et bloque ainsi les chemins de
la migration. Une catastrophe quotidienne se joue
en Méditerranée et sur d’autres routes de l’exil, dans
des pays pauvres et dans des camps de réfugiés à
travers le monde. De mon point de vue, le groupe
tente de lancer une discussion générale sur les ques-
tions de migration. Avec le flux récent de réfugiés,
cette charte a beaucoup gagné en actualité. Son
approche utopique ou visionnaire inclut également
une vision biblique. Rappelons-nous simplement
les juifs, contraints de fuir le joug de l’Egypte et
l’esclavage afin de retrouver leur liberté et leur
dignité dans une lointaine terre promise.
Quels sont à vos yeux les problèmes les plus urgents
en matière d’asile en Suisse?
Il est primordial de raccourcir les procédures
de décision concernant les requérants d’asile. Il
n’est pas acceptable que des personnes doivent
attendre jusqu’à cinq ans la prise d’une décision
définitive. Ensuite, les réfugiés et les personnes
qui sont accueillies dans notre pays devraient pou-
voir y rester, trouver un logement et être intégrés
le plus rapidement possible, en prenant des cours
de langue et en bénéficiant d’autres offres. Les
migrantes et les migrants veulent pouvoir mettre
leurs compétences à disposition et travailler. Au-
jourd’hui, la question des logements pour les re-
quérants d’asile dans le canton de Berne est un
dossier prioritaire. Si le canton accueille 150 nou-
veaux requérants d’asile chaque semaine, il est
nécessaire de pouvoir les loger, ce à quoi nous
devrions tous contribuer.
Qu’est-ce qui doit à votre avis être changé dans la
politique d’asile afin de pouvoir traiter cette problé-
matique?
Avec la révision de la loi sur l’asile, qui a été
traitée par les Chambres fédérales en septembre,
les délais jusqu’à la décision finale sont plus courts.
De plus, la protection juridique pour les personnes
touchées a été garantie dans les centres fédéraux.
C’était depuis longtemps une préoccupation des
Eglises. J’espère aussi que les communes consi-
dèrent le fait que chacun doit prendre part à cette
démarche et qu’elles cessent de refuser systémati-
quement l’hébergement des requérants. Les pro-
blèmes à venir ne pourront être résolus que si
toutes les autorités impliquées, mais aussi la socié-
té civile, travaillent ensemble, main dans la main.
Dans quelle mesure la charte propose-t-elle des so-
lutions?
Elle ne propose pas des solutions immédiates
et directes, elle n’a pas été pensée pour cela. C’est
un document théorique dont le but est de susciter
la discussion.
Quel est le rôle des Eglises réformées Berne-Jura-So-
leure en matière d’asile et comment devrait-il se
développer dans le futur?
Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure
s’investissent dans de nombreux domaines pour
les requérants d’asile et les migrants. Le service
Migration et l’Office de consultation sur l’asile
informent et soutiennent les paroisses dans les
questions d’asile et dans l’accompagnement des
requérants. Dans le canton de Berne, les Eglises
nationales financent en outre le service de consul-
tation juridique pour les requérants d’asile, le ser-
vice de consultation pour sans-papiers, le service
d’aide d’urgence des Eglises et, en collaboration
avec le canton, l'Office de consultation sur l'asile.
Les Eglises réformées prennent également position
dans les débats politiques et de société, avec par
exemple sa publication sur les «Sept principes de
politique migratoire» ou en ayant des entretiens
directs avec l’Etat.