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ENSEMBLE 2015/3 —– Dossier
tissant une protection juridique efficace. La révi-
sion de la loi a été définitivement entérinée en
septembre de cette année par le Conseil national,
après une période d’essai de trois ans.
Les pays voisins saturés
S'agit-il d'un pas dans la bonne direction? «Sans
aucun doute. Des procédures équitables et effi-
caces sont indispensables pour que le système de
l’asile fonctionne», répond Anja Klug du HCR. La
Suisse accorde en principe l’asile à toute per-
sonne qui, en cas de retour dans son pays d’ori-
gine, s’expose à des persécutions, selon des cri-
tères reconnus par le droit international. Celles
qui ne sont pas directement menacées mais qui
fuient les conséquences générales de la guerre
n’obtiennent qu’une admission provisoire. «La
Suisse est assez restrictive dans l’octroi de l’asile
aux réfugiés syriens», déplore Mme Klug. Elle sa-
lue en revanche la décision de la Suisse d’accueil-
lir deux contingents de respectivement 500 et
2000 personnes vulnérables (ayant besoin de
protection) provenant de Syrie dans le cadre de
deux programmes de réinstallation. Créer des
possibilités légales d’arriver en Suisse permet
d’éviter que des personnes vulnérables soient
obligées de prendre de plus en plus de risques
pour venir en Europe. Mais les pays européens
devraient aussi s’engager pour une résolution
politique des conflits sur place afin de parvenir
à une amélioration durable de la situation»,
plaide la responsable du HCR. L’objectif ultime
devrait être que ces personnes ne soient plus obli-
gées de partir.
Les personnes ayant des chances d’obtenir le
droit d’asile en Suisse sont réparties dans les can-
tons qui se chargent de les héberger dans des
communes. A ce stade, l’intégration des requé-
rants devrait démarrer rapidement. C’est là qu’in-
tervient la société civile, notamment par le biais
des paroisses. Anja Klug: «La société civile a un
rôle important à jouer lors de l’accueil et de l’in-
tégration. Nous recevons tous les jours des appels
de gens qui veulent aider!»
Ce soutien populaire prend des formes variées:
aide lors de démarches administratives, cours
de langue ou simplement des rencontres
avec la population locale. Il s’agit de créer une
culture de l’accueil, qui existe déjà au sein de
nombreuses paroisses. Cette culture est tout
aussi importante que les efforts diplomatiques,
l’aide au développement sur place, l’ouverture
des frontières ou la protection juridique. Seule
la synergie de toutes ces mesures permettra de
soulager la souffrance qui pousse toutes ces
personnes à l’exode.
Frau aus Eritrea.
Femme d’Erythrée.
©UNHCR /E. Parsons