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ENSEMBLE 2015/1 —– Dossier
francs par an pour un développement du person-
nel qui soit moderne et juste. Chez les catholiques,
cela représenterait environ 150 000 francs par an.
Mais cet argent viendrait de l’Etat …
C’est ce que nous revendiquons. Il y a actuelle
ment une analogie à faire avec les hôpitaux
psychiatriques qui doivent être démantelés, avec
des centaines ou des milliers de collaboratrices
et collaborateurs. Le Grand Conseil a récemment
approuvé des crédits pour la mise sur pied d’un
service du personnel. Nous nous calquons sur ce
modèle.
Qu’est-ce qui va changer pour les pasteurs s’ils sont
engagés directement par l’Eglise?
L’Etat en tant qu’employeur disparaît, de même
que certaines de ses obligations publiques. Nous
souhaitons prendre en charge le corps pastoral
aux conditions actuelles. Si je reprends autant de
collaborateurs, je n’aimerais pas être un moins bon
employeur que le précédent. De ce point de vue,
les choses ne devraient pas beaucoup changer
pour le personnel pastoral. Mais j’ai été moi-même
un pasteur bernois pendant assez longtemps. Je
comprends que l’on soit sceptique du côté du corps
pastoral et que l’on appréhende ce qui va se passer.
C’est inévitable: lorsqu’on ne sait pas ce qui va se
passer, on préfère le statu quo.
Quel message voulez-vous transmettre à la Pasto-
rale et aux pasteures et pasteurs ?
Nous serions heureux de pouvoir faire ce che-
min avec eux. Nous nous efforcerons d’être un
aussi bon employeur que le canton. Nous prenons
le corps pastoral au sérieux et l’impliquons dans
le processus. Pour lui donner sa juste place au sein
de l’Eglise, il faut du dialogue et du temps. De
notre côté, le corps pastoral est le bienvenu. Le
Conseil synodal et les collaboratrices et collabo-
rateurs se réjouissent de les accueillir. Aux services
généraux de l’Eglise, nous nous occupons déjà
d’une centaine de collaboratrices et collabora-
teurs. Nous ne sommes donc pas tout à fait des
novices en termes de gestion du personnel.
Sur le fond, le Synode Berne-Jura-Soleure salue la
révision complète de la loi sur les Eglises de 1945.
Le Conseil-exécutif la souhaite aussi. Indépendam-
ment de la question de l’embauche du personnel
pastoral, comment cette révision complète pour-
rait-elle s’articuler?
Aujourd’hui par exemple, le Grand Conseil
décide non seulement du nombre de postes pas-
toraux, mais aussi de leur répartition sur le terri-
toire. Cette répartition sera désormais du ressort
de l’Eglise, c’est un premier point. Le parlement
cantonal définit également le périmètre et le nom
des paroisses, ce qui est en fait un non-sens. Avec
le Synode, nous sommes bien plus à même de le
faire. A l’avenir, il faudra s’attendre à davantage
de fusions de petites paroisses de campagne.
Toutes ces décisions étaient jusque-là prises au
Grand Conseil. Elles devraient nous revenir. Tout
comme la question du ratio entre postes parois-
siaux et ministères spécialisés, tels ceux des hô-
pitaux, des homes ou des prisons. Cette compé-
tence, actuellement en mains politiques auprès
de la direction des affaires ecclésiastiques, devrait
nous revenir. Il ne s’agit pas pour nous d’avoir plus
de pouvoir. Mais nous devons obtenir les compé-
tences nécessaires, dans le cadre de la loi sur les
Eglises, pour pouvoir assumer dès 2019 la respon-
sabilité de 340 postes pastoraux, répartis sur 500
emplois contractuels.
Ce qui se traduirait aussi par une plus grande
séparation entre Eglise et Etat …
Par un desserrement des liens, oui, mais l’Etat
souhaite garder la haute surveillance. L’université
et l’ensemble de la formation ne sont pas du tout
touchés. Dans ce domaine, l’Etat veut continuer
d’imposer ses directives. Si nous avons des contrats
de prestation pour les tâches de responsabilité
publique, nous devrons rendre des comptes tous
les six ans et, par conséquent, exercer un contrôle.
Il faudra donc une personne de contact. Les liens
seront plus relâchés, mais pas coupés.
L’Etat veut une séparation, mais il veut quand
même décider …
Oui, ou du moins participer aux décisions et
garder le contrôle. Je pense que c’est ce qu’il y a
de plus réaliste pour l’instant.
«Nous serions
heureux de pouvoir
faire ce chemin
avec la Pastorale.
Nous nous
efforcerons d’être
un aussi bon
employeur que le
canton.»