Votation sur l'initiative populaire "Contre l'immigration de masse" du 9 février 2014
Point de vue du Conseil synodal (décembre 2013)
Le 9 février 2014, le peuple suisse sera appelé à se prononcer dans les urnes sur l'initiative populaire "Contre l'immigration de masse". Les auteurs de l'initiative souhaitent limiter le nombre des autorisations de séjour en Suisse d'étrangères et d'étrangers y compris les requérantes et requérants d'asile par l'introduction de plafonnements annuels. Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure se mobilisent pour que les personnes en situation de détresse puissent continuer à trouver un accueil dans notre pays. Les Eglises réformées rejettent par conséquent l'initiative "Contre l'immigration de masse".
Les guerres, les soubresauts politiques et les graves atteintes aux droits humains mettent en péril la vie et la santé de nombreuses personnes. Ces phénomènes sont souvent le déclencheur de mouvements migratoires et de fuite à l'échelle de la planète. Depuis toujours, notre Eglise s'engage en faveur des personnes menacées dans leur intégrité physique et leur existence. Protéger celles et ceux qui souffrent et leur accorder l'hospitalité sont des principes ancrés dans la théologie de l'Ancien testament. Le Nouveau testament est porteur d'un message d'amour du prochain et de solidarité envers les plus démunis. Dieu a fait l'homme à son image. Quelles que soient leurs différences, tous les êtres humains ont droit à la dignité. Préserver la dignité humaine et veiller à ce qu'elle soit respectée est la mission fondamentale de notre Eglise.
L'initiative „Contre l'immigration de masse“ se nourrit d'une conception de la vie humaine et de la vie en société privilégiant la séparation entre celles et ceux qui en sont partie intégrante et les autres - les étrangers - dont le nombre doit être plafonné. La rencontre et l'attention accordée à l'autre en font les frais. Les plafonnements ne permettront pas de limiter le nombre des personnes qui demandent de l'aide. Si l'on veut contrôler les mouvements de fuite de populations entières, les mesures à prendre doivent s'attaquer aux causes du phénomène. Il s'agit là d'une tâche à mener en Suisse et à l'échelon international.
La Suisse est un petit pays au milieu de l'Europe. Elle entretient des relations étroites avec l'ensemble des pays du Vieux Continent et profite sur de nombreux plans - aussi économiques - de ces échanges. La libre-circulation des personnes, des idées et entre cultures différentes mais aussi la collaboration par delà les frontières représentent pour notre pays une chance et un enrichissement. Nous aussi observons avec préoccupation la prolifération des zones bâties, la menace d'asphyxie des infrastructures en matière de transport et l'augmentation continuelle du prix des logements dans les agglomérations. Nous comprenons parfaitement que ces phénomènes qui viennent s'ajouter aux questions de la migration et de l'augmentation de la population suscitent des craintes. Notre Eglise entend néanmoins rappeler que le bétonnage de notre pays et les problèmes de mobilité sont aussi le résultat d'erreurs de planification commises dans le passé et d'une évolution de nos besoins en termes d'espace dans les habitations, de mobilité professionnelle et de loisirs en croissance ininterrompue d'une génération à l'autre. Ces évolutions ne sont pas sans conséquences. L'acceptation de l'initiative ne résoudrait aucun de ces problèmes!
Le Conseil synodal rejette l'initiative „Contre l'immigration de masse“. Il partage les réflexions de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse et demande donc à tout un chacun de bien vouloir prendre en profondeur la mesure des enjeux du scrutin.
Référente du Conseil synodal: Pia Grossholz-Fahrni
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Prise de position de la FEPS (Fédération des Eglises protestantes de Suisse)