Voyez : les êtres humains perdus, sans berger, l’humanité déboussolée, la société en quête de repères. Cette vision fait écho en moi. Je pense aux coups de pistolet tirés récemment sur une représentation de Jésus, à ces gestes de provocation qui bafouent la paix religieuse. Je pense à ce qui vient de se passer dans une salle de classe bernoise où un élève a été victime de discrimination et traité de « pédé » par ses camarades. Je pense au dernier revirement en matière de centrales nucléaires – a-t-on oublié Fukushima ? –, alors que le problème des déchets atomiques n’est pas résolu. Je pense à l’industrie de l’attention qui met souvent mes nerfs à rude épreuve. Et quand je pense à tout cela, moi aussi, j’ai l’impression de vivre dans une société qui perd le nord.

Jésus voit dans ses contemporains déboussolés des brebis qui n’ont pas de berger. J’aime cette image, la manière dont Jésus le bon berger rassemble la foule autour de lui et se met à lui enseigner beaucoup de choses. Et les personnes qui sont là l’écoutent. Par l’écoute, leur vie s’ordonne de manière bonne et salvatrice. Notre monde navigue entre les zones de flou et les énigmes impossibles à percer. Face à l’incertitude, il est facile de tomber dans la quête de solutions simples ou d’un homme fort qui indiquera la voie à suivre : l’autorité et le pouvoir sont séduisants. La tentation est grande de s’adapter aux opinions majoritaires et aux modes. On hurle avec les loups quand on se sent perdu. Pourtant, nous avons un berger à qui nous pouvons encore aujourd’hui accorder une confiance sans réserve. Un berger qui mérite notre foi. Ce berger, c’est Jésus-Christ. Je peux suivre sa voix, écouter sa parole, me laisser instruire par lui. Il veut notre bien, il donne sa vie pour nous, il ne nous décevra jamais. Il est loin d’être un simple exemple moral à imiter ou un gourou qui dispense des conseils de vie. Son rôle va infiniment plus loin. Pour le dire avec les mots de Paul : « C’est lui, en effet, qui est notre paix » (Ephésiens 2,14). Or, cette paix nous indique le chemin et nous fait du bien. Personnellement, je veux davantage me mettre à l’écoute de ce Christ et recevoir sa paix pour ensuite l’apporter dans la société où je me trouve. La société en a besoin et moi aussi.

Iwan Schulthess